Découdre le code, broder les connaissances

Une résidence d’artistes a embarqué des étudiant.es et enseignant.es dans une expérience croisant art et sciences : réfléchir à la matérialité du codage et réaliser des restitutions brodées des connaissances acquises.

Comment faire appréhender à des étudiant.e.s de licences scientifiques la matérialité du codage ? On croit encore parfois que l’informatique est immatérielle, mais le code est en réalité une transcription de traces dans un support. Comme l’ADN des cellules vivantes, comme les récits textuels, comme les enchevêtrements de fils qui forment les tissus, il s’inscrit dans une matérialité. Sa compréhension par les individus ainsi que par les machines repose ensuite sur des processus de traduction. C’est à partir de cette réflexion qu’un cours d’une unité de découverte « Art et Science » a été créé par deux enseignant.e.s-chercheur.e.es en informatique et deux artistes de la compagnie Brumes.

Au cours d’une résidence, les artistes, en collaboration avec un architecte, ont monté un métier à tisser collectif, pour tenter de retisser des liens après l’expérience du confinement – liens humains, liens entre les connaissances. Ce métier à tisser qui est l’ancêtre de l’ordinateur fournissait le point de départ du travail. Les étudiant.e.s. ont été invité.e.s à choisir une thématique parmi celles proposées par les enseignant.es : l’écriture biologique multi-dimensionnelle des protéines, l’apport du tissage en informatique avec la première programmeuse de l’histoire Ada Lovelace, les codages d’ailleurs (jeux de ficelle inuit par exemple), ou encore le stockage d’informations dans de l’ADN. En écho à Ada Lovelace, un groupe a, lui, choisi de travailler sur la place des femmes en science.

Les premiers ateliers de quatre heures dédiés à la formulation plus précise des problèmes traités et aux recherches documentaires ont été ponctués par des ateliers d’écriture auxquels l’ensemble des participant.e.s ont participé. Dans le premier, chacun.e était invité à écrire sur l’un de ses vêtements qui lui tient à cœur. « ça a surpris les étudiant.es qu’en tant que prof on participe aussi et qu’on partage des histoires », commente un des enseignants Guilhem Jaber. Les autres ateliers ont été consacrés à la restitution des connaissances sous forme de récits mis en image et en son avec l’accompagnement des artistes. Le traditionnel power point s’est alors mué en projection de lumière sur des tissus brodés. Les ateliers étaient rythmés autour de périodes d’écriture introspective, de travail en petits groupes et d’autres dédiées aux échanges collectifs et au partage.

Ce qui marque les deux enseignant.es dans ce projet, c’est l’implication des étudiant.es : « Une Unité d’Enseignement comme celle-ci interroge positivement sur notre manière d’enseigner. On voit d’autres possibilités. Ça m’a donné envie de réessayer dans des UE plus classiques », explique Guilhem Jaber.

Le projet a initié les étudiant.e.s à la recherche scientifique, à la formulation d’une problématique tout en leur proposant un format permettant une meilleure concentration. Plusieurs élèves ont témoigné avoir réalisé ce travail sans stress ou peur d’être jugé.e et surtout, avec fierté.

Formation :
Unité de découverte « Art et science » en Licence 2 de l’UFR Sciences et Technologies, Nantes Université
Encadrant.e.s pédagogiques :
Pascale Kuntz, Professeure en informatique, Guilhem Jaber, Maître de conférences en informatique

Voir aussi

En découdre avec Augusta Ada Lovelace

Proposition :
Analyser l’apport des notes de Ada Augusta Lovelace pour la programmation contemporaine

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